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  • JMG

Littéra/Avent-ture – #19


Il était une fois, il y a fort fort fort longtemps, quelque part dans la Voie lactée. Un temps totalement immémorial, où les étoiles se comptaient par centaines de milliards. Elles étaient toutes bien visibles depuis la Terre, puisqu’il n’y était évidemment pas question de pollution lumineuse ou industrielle.


Toutes visibles? Certes, mais quelques-unes, plus petites, avaient du mal à se faire une place au firmament face à leurs grandes sœurs étincelantes. Une, en particulier, trouvait le temps fort fort long dans l’ombre des autres et décida un beau jour (ou peut-être une nuit?) de partir briller ailleurs.


Elle ne sut pas trop où aller et son voyage dura fort fort fort longtemps avant qu’elle n’aperçoive, au loin, une planète aux teintes bleutées. Bien qu’épuisée par son périple, elle choisit comme point de chute celui qui lui sembla le plus brillant possible, partant du principe que qui se ressemble s’assemble. C’est ainsi qu’elle se retrouva dans un petit coffre rempli d’or: celui que le roi Gaspard prit soin d’emmener avec lui pour son voyage en Galilée avec ses compères Melchior et Balthazar.


La petite étoile se reposa pendant la dizaine de jours que dura leur périple, et découvrit l’étable et la modeste couche du Petit Jésus. L’endroit lui plut. Elle décida donc de rester un moment et de ne pas repartir avec son royal hôte. Elle comprit que sur cette drôle de planète bleue, elle aurait sûrement l’occasion de briller bien plus qu’en restant accrochée quelque part au milieu du ciel.

Elle commença donc sa quête d’une place de choix, celle où tout le monde pourrait l’admirer. Elle écuma d’abord toute la région du Proche et du Moyen-Orient, puis poussa son exploration plus à l’ouest, longeant la Méditerranée qu’elle finit par traverser en passant par l’Hispanie romaine.


Les jours succédèrent aux jours; les semaines et les mois aux semaines et aux mois et de siècle en siècle en siècle, le temps s’écoula sans que la petite étoile ne trouve vraiment son bonheur. Elle ne ménageait pourtant pas ses efforts, mais rien n’était, à ses yeux, en mesure de combler sa soif de visibilité.


Elle en fut même à se demander si le choix de la planète bleue était le bon. Jusqu’à ce qu’elle fasse une grande découverte, au cœur d’une Alsace secouée par l’émergence de la réforme protestante luthérienne: la tradition du sapin de Noël. Quelle merveilleuse idée que de décorer ces jolis conifères avec des pommes, des confiseries et des petits gâteaux! Emballée par cette coutume naissante, la petite étoile trouva le moyen d’embellir encore plus le tableau en se hissant au sommet de l’arbre. De là, elle avait une vue imprenable sur tout l’ornement, mais surtout, elle se faisait bien voir de partout et par tout le monde! Exactement comme l’étoile du berger dans un ciel sans nuage… Elle avait trouvé une place à la taille de son ambition.


Son voyage était terminé: elle n’avait désormais plus besoin d’errer à la recherche de son rêve, il était enfin réalisé. Et en plus, la petite étoile, comme tant d’autres depuis, découvrit combien il était facile de se faire remarquer de tous sans pour autant être la plus brillante…


Ouvrez les autres cases!!





















































































































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