Créée deux années seulement après le traité de Londres ayant donné au Luxembourg l’indépendance qui est la sienne aujourd’hui, la Chambre de commerce est la plus ancienne organisation constituée du Grand-Duché. En presque deux siècles, elle a accompagné, voire suscité, les développements les plus cruciaux pour l’économie nationale. En près de deux siècles, son cadre législatif n’a connu que deux changements majeurs.
Le Grand-Duché a à peine deux ans lorsque naît la Chambre de commerce, qui est, de fait, la plus ancienne institution du pays, hormis «l’État» en lui-même… C’est en effet le 1er octobre 1841 que l’arrêté royal de Guillaume II, portant instruction d’une Chambre de commerce dans le Grand-Duché, établie à la fois pour la ville et le pays, est publié. Soit 30 mois après la signature, le 19 avril 1839, du traité de Londres, conférant définitivement au Luxembourg le statut indépendant qui est le sien aujourd’hui.
À sa création, la Chambre est composée de 21 membres, nommés par le Grand-Duc sur proposition des représentants des différentes branches de commerce ou d’industrie. Dix membres sont issus du commerce en général, deux des tanneries et un représentant chacun pour les draperies, les faïenceries, les filatures, les forgeries, les ganteries, les papeteries, les meuneries, le tabac et les tisseranderies.
L’institution a comme attributions originelles de présenter au gouvernement des vues sur les moyens d’accroître la prospérité du commerce et de l’industrie; de faire connaître les causes qui en arrêtent les progrès et de fournir tous les renseignements qui lui sont demandés, le tout sans pouvoir s’immiscer d’une manière quelconque dans l’administration du pays.
Le premier président est Ferdinand Pescatore, présenté comme un «négociant multiforme» et qui représentait notamment les intérêts «du négoce, des banques, de l’agriculture et du tabac». Le premier directeur, lui, est Jean-Pierre Kuborn, dont l’Histoire n’a pas retenu grand-chose si ce n’est qu’il fut représentant de la filière «Filatures» et qu’il occupa tout de même la fonction pendant 30 ans.
Il faut attendre la loi du 4 avril 1924 portant création de chambres professionnelles à base élective pour que le mode de désignation des membres change: ils sont désormais désignés par voie d’élection. La tâche dévolue à la Chambre est alors de «créer et subventionner le cas échéant, tous établissements, institutions, œuvres ou services voués essentiellement au développement de l’entreprise industrielle, financière et commerciale, à en féconder l’activité, à fournir des avis, à formuler des réclamations, à solliciter des informations et la production de données statistiques».
Le nombre de ses délégués est ramené à 21: cinq pour le commerce de détail; quatre pour les établissements métallurgiques occupant régulièrement plus de 200 salariés; trois pour le commerce de gros et un délégué chacun pour la tannerie et la ganterie, la brasserie, la fabrication des tissus et lainages, les banques, l’industrie des assurances, les minières et carrières, l’industrie et, enfin, deux sièges pour les délégués aux autres branches de l’entreprise industrielle et commerciale.
Ce n’est que 86 années plus tard que le cadre légal régissant la Chambre de commerce est réformé et modernisé par la loi du 26 octobre 2010. Il s’agissait notamment de répondre aux insécurités ou incertitudes juridiques qui pesaient sur la loi modifiée du 4 avril 1924 et de clarifier les aspects relatifs aux règles d’affiliation des sociétés de participation financière et aux cotisations.
Le nombre de membres effectifs est établi par règlement grand-ducal à 25, répartis en six groupes: Commerce et autres activités commerciales non spécialement dénommées (8 sièges); Sociétés de participation financière (1); Industrie, PME et PMI (8), Banques, caisses rurales et autres activités financières (5); Assurances (1) et Hôtellerie, restauration et cafetiers (2).
Les dernières élections ont eu lieu en avril 2014. Michel Wurth y fut confirmé, pour une durée de cinq années, aux fonctions de président de la Chambre. Une position qu’il occupe depuis 2004.
À noter que depuis la création de l’institution, 17 présidents ont siégé. Et depuis 1884, ils sont tous issus du sérail sidérurgique et de l’Arbed. Les plus longs mandats furent ceux d’Aloyse Meyer (directeur général de l’Arbed), qui occupa le siège pendant 27 ans entre 1925 et son décès en 1952; Tony Neuman (qui présida le conseil d’administration du géant sidérurgiste), qui fut en fonction deux années de moins, entre 1959 et 1974, et Léon Metz, autre dirigeant historique de l’Arbed, qui siégea 21 ans entre 1904 et 1925.
Quant au nombre de directeurs, ils ne sont que 9 à avoir occupé le poste. Le plus fidèle dans la fonction fut Jean-Pierre Sevenig, qui resta pas moins de 43 ans en place, entre 1890 et 1933.
En place depuis début 2014, Carlo Thelen fut précédé, pendant une décennie, par Pierre Gramegna, aujourd’hui ministre des Finances.
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