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Un mariage et quatre enterrements


Entourée initialement du plus grand secret et d’un embargo sur son existence même, imposé la veille par le Service Information et Presse du gouvernement, la conférence de presse de Jean-Claude Juncker, programmée jeudi matin, fut donc pour annoncer les fiançailles du grand-duc héritier Guillaume, avec la comtesse Stéphanie de Lannoy.


À une dizaine de jours de son discours annuel sur l’état de la nation, sur fond de finances publiques moribondes, de crise sidérurgique permanente, de réformes (fonction publique, pensions) poussives, et à l’heure où tous les pronostics sont ouverts en prélude au jeu de chaises musicales qui se profile à la tête de quelques-unes des principales institutions européennes, il était permis de croire à une annonce d’un tout autre genre, compte tenu de l’emballage protecteur qui fut déployé.


Les nuages de l’internet-activité ne connaissent pas de frontières, eux.

Un sarcophage presque aussi hermétique que celui de Tchernobyl. Presque seulement, puisque l’information a tout de même filtré sur le site du Wort, reléguant du même coup l’intervention du Premier ministre à une simple confirmation pour la forme. Les nuages de l’internet-activité ne connaissent pas de frontières, eux.


Après le secret bancaire qui s’étiole, voilà la confidentialité même des infos du Gotha qui devient un secret bancal. Qu’importe. En ces temps de crise, de rigueur et d’austérité (ne rayer aucune mention inutile), le bon peuple luxembourgeois a bien le droit à quelques petites douceurs pour apaiser les bleus de son âme et le rouge de ses comptes.


Pendant quelques heures, il aura ainsi pu oublier la triste réalité économique d’un quotidien qui commence à ressembler de plus en plus à une marche funèbre en direction du cimetière des illusions. Les premières pelletées de terre ont déjà été jetées sur les cercueils du dialogue social national, de l’équilibre des finances publiques, de la sidérurgie et du marché de l’emploi. Quatre enterrements qui ne disent pas encore leur nom. Et il sera très difficile d’attendre les prochaines fêtes de Pâques pour envisager une hypothétique résurrection.


À moins de décider, une bonne fois pour toutes, de faire une croix sur bon nombre de mentalités bloquantes. Que la future grande-duchesse puisse espérer régner un jour sur un pays qui ne soit pas exsangue.


(article publié sur www.paperjam.lu)

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