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Jean-Claude Juncker en cinq dates


L'ancien Premier ministre et aujourd’hui président de la Commission européenne célèbre ses 60 ans ce mardi. Retour, en cinq étapes, sur la carrière hors-norme d’un homme qui ne l’est pas moins.


Président de la Commission européenne depuis un peu plus d’un mois, c’est donc à Bruxelles que Jean-Claude Juncker va célébrer son 60e anniversaire. Né le 9 décembre 1954 à Redange-sur-Attert, il a assez rapidement «émigré» à Belvaux dans un quartier où travaillent bon nombre d’ouvriers de l’Arbed, comme l’était son père.


Scolarisé, pour ses études secondaires, auprès des pères du Sacré-Cœur à l'école apostolique de Clairefontaine (commune d'Arlon), il passe son baccalauréat classique-littéraire au Lycée Michel-Rodange à Luxembourg.


Titulaire d'une maîtrise en droit de l'Université de Strasbourg en 1979, il est assermenté comme avocat en février 1980, mais n’exercera cependant jamais ce métier. Secrétaire parlementaire du parti chrétien social depuis octobre 1979, il est propulsé, en décembre 1982 (à peine âgé de 28 ans), dans l’équipe gouvernementale de l’équipe Werner/Thorn en tant que secrétaire d’État au Travail et à la Sécurité sociale.


Janvier 1995: emménagement à l’Hôtel de Bourgogne


Devenu ministre «à temps plein» après les élections de 1984 (ministre du Travail et ministre délégué au département des Finances, chargé du Budget), Jean-Claude Juncker ne quitte plus le gouvernement.


En 1989, dans l’équipe Santer/Poos II, il est renouvelé dans ses fonctions de ministre du Travail et devient pleinement ministre des Finances.


Cinq ans plus tard, Jacques Santer et Jacques Poos rempilent pour un troisième mandat à la tête du pays. Et Jean-Claude Juncker conserve ses portefeuilles du Travail et des Finances. Mais pas pour longtemps…


Car au cours de l’été 1994, dans les coulisses européennes, Jacques Santer est choisi, quelques jours avant de prêter serment devant le Grand-Duc Jean, pour prendre la présidence de la Commission européenne. Le 20 janvier 1995, Jean-Claude Juncker prend les fonctions de Premier ministre et ministre d’État et emménage à l’Hôtel de Bourgogne pour un bail qui durera presque 20 ans.


1er janvier 2005: un pied dans l’Europe, avec l’Eurogroupe


Créé sur la base d’une «réunion informelle» par le conseil européen d’Amsterdam de juin 1997, l’Eurogroupe (un nom qui n’est officiellement adopté qu’en décembre 2000, à l’issue du Conseil européen de Nice) est, pendant ses premières années de fonctionnement, présidé par le ministre des Finances de l’État membre alors en charge de la présidence du conseil de l’Union européenne.


Mais lors du conseil Ecofin informel de Scheveningen, en septembre 2004, il est décidé de mettre en place une présidence stable, sur une base de deux ans. Et le premier président à être désigné, en janvier 2005, n’est autre que Jean-Claude Juncker: une prise de fonction qui coïncide avec le semestre de présidence luxembourgeoise du conseil de l’UE.


Son premier mandat est notamment marqué, dès le printemps 2005, par un accord sur la réforme du Pacte de stabilité et de croissance.


À la tête de cette organisme dépourvu de tout pouvoir de décision – c’est au sein du conseil Ecofin que celles-ci sont prises – Jean-Claude Juncker a beaucoup œuvré pour la coordination des politiques financières des pays de la zone euro et s'est également battu intensément pour sauver la monnaie européenne et la zone euro dans le cadre de la crise de la dette, initiant un certain nombre de mesures de sauvetage en particulier à destination de la Grèce.


Le Premier ministre luxembourgeois est reconduit à son poste à trois reprises, avant de céder sa place, en janvier 2013, au Néerlandais Jeroen Dijsselbloem.


10 juillet 2013: le début de la fin


Le Luxembourg, historiquement pays «sans histoire» sur le plan politique, semble vouloir rattraper le temps perdu. Quasiment en même temps, trois «affaires» vont se disputer les unes des médias. Il y a d’abord celle du projet de futur stade national à Livange/Wickrange, où un conflit initial entre deux promoteurs immobiliers (Flavio Becca et Guy Rollinger) éclabousse, à différents niveaux, l’exécutif, accusé de favoritisme et d’interventionnisme… Puis celle du Bommeleeër qui refait surface, près de 30 ans après la vague d’attentats à la bombe au milieu des années 80 et qui met en lumière les pratiques du Service de renseignement luxembourgeois (Srel).


Ce dernier est directement au cœur de la «troisième» affaire, dans laquelle il est question d’enregistrements pirates de conversations entre le Grand-Duc Henri et le Premier ministre Jean-Claude Juncker.


Une enquête parlementaire conclut à la responsabilité «politique du ministre d’État» dans les dysfonctionnements avérés du Srel.


Le 10 juillet 2013, c’est un débat parlementaire historique et marathon qui suit la publication du rapport de la commission d’enquête. Un peu avant 21 heures, après sept heures d’échanges intenses, Jean-Claude Juncker rend les armes et annonce qu’il proposera au Grand-Duc, dès le lendemain, la tenue d’élections anticipées. Une première dans l’histoire politique nationale depuis 1968…


4 décembre 2013: la fin de la fin


Le 20 octobre 2013, le pays vote pour un scrutin anticipé de près de huit mois par rapport à la date initialement prévue de juin 2014. La campagne est aussi courte qu’elle est intense et montre un Jean-Claude Juncker plutôt sûr de lui. Les chiffres «bruts» des élections lui donnent raison: le parti chrétien social décroche 33,68% des voix et le Premier ministre, qui caracole en tête des sondages de popularité depuis plusieurs années, récolte 56.000 voix.


Problème: comparé au scrutin de 2009, le parti au pouvoir sans discontinuer depuis 1979, perd du terrain. Il avait, alors, dépassé les 38% et M. Juncker avait, lui-même, obtenu plus de 67.000 voix.


Devant les caméras de RTL Télévision, le dimanche soir, le Premier ministre sortant élabore déjà quelques hypothèses de coalition pour la nouvelle législature. Mais le DP, le vainqueur «moral» du scrutin (il est passé de 10 à 18% en quatre ans) entame déjà, en coulisses, des échanges avec le LSAP et les Verts pour former une coalition cumulant 32 sièges qui donne à cet attelage à trois, la majorité à la Chambre des députés.


Cette coalition tricolore prend une tournure officielle le lendemain, en fin de journée, lorsque les États majors des partis libéraux et socialistes confirment le début de discussions. Au même moment, à Leudelange, Jean-Claude Juncker, qui, accompagné de Luc Frieden, assiste à l’inauguration du nouveau siège de la Banque Raiffeisen, sait déjà que ses jours sont comptés à la tête de l’exécutif.


Le 4 décembre, lui et son gouvernement présentent leur démission au Grand-Duc Henri. Jean-Claude Juncker aura été Premier ministre pendant 6.892 jours non-stop. Le lendemain, Xavier Bettel lui succède, faisant entrer le pays dans une nouvelle ère.


1er novembre 2014: Président de la Commission européenne


Entre Jean-Claude Juncker et l’Europe, c’est une histoire d’amour qui dure depuis très longtemps. Dès 1985, alors que le Luxembourg préside le Conseil des communautés européennes, il prend la tête des conseils «Affaires sociales» et «Budget». Cette période marque le début de son engagement résolument pro-européen.


En 1991, lors de la présidence luxembourgeoise suivante, il devient, à la tête du conseil Ecofin, l'un des principaux artisans du Traité de Maastricht (qui sera signé en février 1992). Il est lui-même l’auteur d’une partie du texte ayant trait à l'Union économique et monétaire (UEM).


Parmi ses autres «faits d’armes», sont également souvent citées son intervention, en 1991, pour débloquer les négociations sur l’UEM en proposant le principe de l’option de retrait pour le Royaume-Uni, ou encore sa médiation décisive entre Helmut Kohl, alors chancelier allemand, et le président français Jacques Chirac, au sujet du pacte de stabilité.


Pour autant, Jean-Claude Juncker n’a jamais eu le moindre mandat européen «formel». En 2004, il avait été intéressé, déjà, par la présidence de la Commission européenne, mais n’avait poussé l’idée jusqu’au bout.


En 2009, en revanche, il est à deux doigts d’être le premier président du Conseil de l’Union européenne, mais le président français Nicolas Sarkozy lui avait barré la route et ouvert la voie à la nomination du Belge Herman van Rompuy. «Les trains ne passent qu’une fois», commentait-il, fataliste.


Au lendemain des élections d’octobre 2013 et de la prise du pouvoir par une coalition DP-LSAP-Déi Gréng, Jean-Claude Juncker redevient un «simple» député (ou plutôt devient, puisqu’il n’avait jamais siégé au Parlement). «Je ne suis plus intéressé par un poste européen», répétait-il alors, affirmant vouloir souhaiter se consacrer à son nouveau rôle de chef de file de l’opposition au Luxembourg.


Mais bien vite, l’Europe le rattrape. Le Parti populaire européen (PPE), qui regroupe les partis de centre droit européens (dont le CSV), le désigne comme candidat à la future présidence de la Commission européenne: une fonction dont la désignation est assurée par le Parlement européen issu du scrutin du 25 mai 2014.


En dépit d’une assez confortable victoire du PPE (29,43% des suffrages et 221 sièges) devant l’alliance des socialistes et démocrates (25,43%, 191 sièges), la voie menant à Bruxelles est loin d’être tracée pour Jean-Claude Juncker qui doit faire face à une opposition farouche de quelques dirigeants européens peu enthousiastes à l’idée qu’il puisse effectivement prendre la tête de la Commission européenne.


Il faut de longues discussions et négociations pour que finalement, les dirigeants européens le choisissent, le 27 juin. Un choix entériné par le Parlement européen le 15 juillet, avec 422 voix pour, sur un minimum nécessaire de 376.


C’est ainsi que le 1er novembre dernier, Jean-Claude Juncker succède au Portugais José Manuel Durão Barroso en tant que président de la Commission européenne, devenant le troisième Luxembourgeois à occuper cette fonction après Gaston Thorn (1981-1985) et Jacques Santer (1995-1999).

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