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Crise de courants


La photo circule depuis ce jeudi sur les réseaux sociaux: un couple, qui se tient par la main, promène un petit chien en laisse. Sur les têtes des deux personnages ont été collées celles de Jean-Claude Juncker et de Luc Frieden. Sur celle du chien, Lucien Lux…


Une image vaut mille mots, disait Confucius (qui fut lui aussi ministre de la Justice, en son temps…) et cette image ne plaira évidemment pas aux intéressés. Le parti socialiste avait pourtant, ce jeudi, l’avenir politique du pays entre les mains, comme rarement (voire jamais) il ne l’avait eu dans son histoire. Il a préféré marquer son territoire, évitant une crise de tête pour le pays. Mais pas une impression de migraine persistante.


En choisissant de soutenir de manière inconditionnelle le parti chrétien social et ses deux figures de proue, le Premier ministre et le ministre des Finances, malmenés ces derniers jours, il a sans doute déjà pris date pour mai 2014, misant déjà sur un potentiel retour d’ascenseur si jamais le CSV devait à nouveau avoir la main pour choisir un partenaire de coalition. Mais il n’a en rien apporté des réponses aux nombreuses questions qui restent en suspens.


Que l’intégrité du gouvernement ait finalement été préservée au terme d’une journée un peu folle constitue, en soi, une bonne nouvelle. Aucun pays n’est spécialement enclin à s’offrir une crise politique de cette ampleur. Et le Luxembourg peut-être encore moins que les autres.


Que le gouvernement, en revanche, soit entraîné dans un tel tourbillon juridico-politico-médiatique est, en soi, une très mauvaise nouvelle. S’il n’est guère étonnant que certains «dossiers» ressortent à quelques semaines d’échéances électorales – c’est même presque une tradition –, le fait que les hostilités aient commencé si tôt avec autant de véhémence ne laisse rien augurer de bon pour les mois à venir.


De ce genre de crise de courants (politiques), il est rare que jaillisse la lumière. C’est même plutôt l’envie de tout débrancher qui aurait tendance à prévaloir.


Il n’est aujourd’hui plus vraiment l’heure de sortir se promener avec son chien, mais bel et bien de reprendre le collier.

S’il ne s’agissait pas de l’exécutif d’un pays civilisé, un des États fondateurs de l’Union européenne, comptant parmi les principales places financières internationales, cette mauvaise farce à laquelle se livrent quelques-uns des politiciens les plus en vue de la nation aurait de quoi faire sourire, et plus si affinités. Mais plus personne ne semble prêt à se faire attraper pour autant.


L’affaire Livange-Wickrange, entre 2011 et 2012, avait déjà donné quelques coups de canif dans le contrat de confiance morale que les citoyens signent avec leurs élus tous les cinq ans. Quelles seront les conséquences des affaires en cours? Impossible de le dire à ce jour, tant révélations et déclarations spectaculaires se succèdent à un rythme effréné. Mais il y en aura. Forcément.


Lucien Lux a annoncé qu'il serait discuté, dans les prochaines semaines, des responsabilités de Jean-Claude Juncker et des conséquences à tirer de toutes ces affaires. Une façon d'essayer, pour le LSAP, de ne pas (trop) donner l’impression d’être tenu en laisse au sein d’une coalition où un parti junior n’a pourtant jamais été aussi «faible» (en nombre de sièges).


Une façon, aussi, de faire croire qu’il y a encore quelqu’un à la barre de cette embarcation à la dérive. Une façon, enfin, de relancer sous peu de nouveaux débats dont on ne peut qu’espérer (voeu pieu...) qu’ils soient un peu plus élevés et beaucoup moins nauséabonds. Car dans le même temps, c’est l’économie de tout un pays qu’il convient de sortir du marasme ambiant et de relancer.


Il n’est aujourd’hui plus vraiment l’heure de sortir se promener avec son chien, mais bel et bien de reprendre le collier.




(article publié sur le site de Paperjam)

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