À défaut d’espérer, un jour prochain, accueillir le concours Eurovision de la Chanson (encore faudrait-il à nouveau y participer…), Luxembourg sera l’hôte, du 27 mai au 1er juin, de la 15e édition des Jeux des petits États d'Europe, qui se déroulent tous les deux ans et mettent aux prises neuf nations (Andorre, Chypre, Islande, Liechtenstein, Malte, Monaco, Monténégro et Saint-Marin, en plus du Luxembourg) dont l’un des points communs est de compter moins d’un million d’habitants.
À l’heure où le Grand-Duché se bat avec tous les grands de ce monde pour préserver, dans bon nombre de domaines, son statut d’important acteur économique et financier, cette manifestation sportive offre, le temps d’une semaine, une tout autre perspective et un référentiel forcément différent. Du reste, vu le rythme de croissance de la population enregistrée ces dernières années, le pays a tout intérêt à profiter de la situation, car d’ici une trentaine d’années, il pourrait bien franchir la barre du million d’habitants et, du coup, ne plus être un «petit pays».
En attendant, avec une délégation de 160 athlètes (la plus importante, en nombre, de la compétition), le Luxembourg vise certainement la première place au tableau des médailles. Une position occupée par Chypre lors des éditions précédentes. À moins que les athlètes de l’île de naissance d’Aphrodite laissent derrière eux leurs affreux doutes nés de la crise qui touche leur pays. La motivation d’aller chercher de l’or alors que l’argent manque leur donnera peut-être des ailes.
Les représentants de la bannière au lion rouge ne pourront malheureusement pas compter sur toutes leurs forces vives pour décrocher un maximum de médailles du précieux métal. François Biltgen, par exemple, aurait sans doute excellé si la discipline du saut périlleux avait été inscrite au programme. Mais qui sait si celui qui a tout plaqué au Luxembourg pour rejoindre la Cour de Justice de l’Union européenne ne va pas se retrouver médaille d’or du sot en longueur en cas d’échec lors de son examen oral devant le conseil des sages de l’institution…
Plus vite, plus haut, plus fort, moins petit
Jean-Claude Juncker pourrait également prétendre au titre suprême dans la catégorie marathon, lui qui a déjà traversé 30 années de vie politique au plus haut niveau sans s’essouffler. Quant à Luc Frieden, sa propension à franchir bon nombre d’obstacles pourrait le prédestiner tout naturellement à l’épreuve du 110 mètres haies. Mais ses récentes «performances» dans le Politmonitor pourraient également lui valoir une place de choix dans le concours de plongeon.
François Bausch et Xavier Bettel auraient sans doute aussi toutes leurs chances: dans les épreuves cyclistes pour le premier, dans le saut en hauteur pour le second; le tir à la carabine pour les deux, entraînés qu’ils sont à tirer sur tout ce qui bouge de travers dans l’exécutif du pays.
À force de s’être renvoyé la balle dans le dossier de Livange/Wickrange, sans doute les épreuves de tennis pourraient-elles sourire aux entreprenants Guy Rollinger et Flavio Becca… à moins qu’ils préfèrent régler leurs comptes une bonne fois pour toutes sur un ring de boxe. Ou au karaté, entourés d’un tas d’amis…
Fair-play, solidarité, respect de soi et de l’adversaire: les valeurs inhérentes au sport ne se retrouvent pas toujours dans le business. Pourtant, les mondes des affaires et de la politique auraient beaucoup à gagner en calquant leurs propres valeurs sur ces principes de base, agrémentés de notions d’engagement, de dépassement de soi, de goût de l’effort. Pour que le Luxembourg avance plus vite, monte plus haut et soit plus fort. Que le pays soit plus grand, finalement. Ou moins petit...
(article publié sur le site de Paperjam)
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